mercredi 27 novembre 2013

Vous improvisiez ? j'en suis fort aise. Eh bien! chantez maintenant!

Je reviens avec un peu de retard sur les séances 2 et 3, assez identiques dans la forme, mais qui n'ont pourtant pas donné tout à fait la même chose, les combattants n'étant pas les mêmes entre les 2 séances. L'objectif de ces 2 séances était de se servir du chant comme d’un levier pour « lâcher prise ».

Souvent, ce qui nous paralyse, c’est la liberté totale, l’angoisse de la page blanche. Ce qu'il faut, c'est tromper le cerveau et partir de quelque chose pour construire une histoire. La contrainte (tout type de contrainte) doit agir comme un détonateur, un trompe-cerveau. Le point d’ancrage libère les freins, lance l’histoire dans le concret d’une situation (l’erreur de certaines impros est de ne pas choisir de quoi on parle. « Oh tu as vu ce qui est arrivé. _ Oh oui c’est affreux. _ Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, etc. » Le public est suspendu, il attend, et souvent il attend encore et l’impro ne peut pas décoller. Il faut se lancer. N’importe quoi, grand-mère est morte, je me suis cassé un ongle, Les Plutoniens ont enlevé Wayne ;)…).

Vous me direz « Raf tu causes, mais on voit pas le rapport. Je vous répondrais que c’est pas faux. Alors revenons-en à la musique ! Par le chant, l’idée est que la musique nous porte, que l’urgence de poser des mots sur une musique, d’être dans le flow-flot de la musique… nous permette de déconnecter le cerveau, que les mots sortent plus vite que notre pensée.

Ceci dit, chanter devant les autres, accepter l’oreille de l’autre, chanter juste / chanter faux, tout ça, ça peut bloquer. Et finalement c’est une variante de l’impro. Jouer devant les autres, accepter le regard de l’autre, jouer juste ou non, raconter une histoire ou non… ça fait peur de la même façon.

Eh bien chers amis, je vous invite à dépasser vos peurs. N’ayez pas peur, comme disait l’autre ! Pour le chant, peu importe de chanter juste, l’important c’est de jouer juste. On pourrait avoir une super belle impro, touchante, avec une déclaration d’amour chantée, mais mal chantée, avec toute la fragilité de la personne. On a déjà vu ça au cinéma, et ça peut toucher juste.

Je finirai par une citation de je ne sais plus qui et je ne sais plus trop si c'est comme ça que c'était dit (mon Dieu, mais c'est d'une clarté absolue tout ça, non?): "Il n'y a pas de manque de talent, mais c'est la peur qui bloque."

Sur ces 2 séances, outre la chauffe classique et le travail sur l’hymne, nous nous sommes appuyés sur une structure Gospel trouvée sur un blog d’impro. Plutôt que de mal retranscrire, je vous invite à aller jeter un œil et une oreille ici.

Le programme: Turtle wufu, foot, singe (synchronisation d'animaux), bwanlette (évitons les mots clés fâcheux!) de mammouths (sens-rime-sens-rime...), chauffe voix & apprentissage hymne,  Gospel. Turtle wushu? Sir yes sir!



Euh, tu dis tout de moi, mais tu ne sais pas tout, non?

samedi 9 novembre 2013

Où l’on voit que si un flic doit signer un carnet de notes, c’est pas au père de le faire !



Youplaboum, nous voilà repartis pour une nouvelle séquence d’entraînements. Les objectifs pour ces 7 séances sont de 3 ordres :
-          - Développer l’écoute : « l’autre est parfait »
-          - Se donner des contraintes (la contrainte libère, voir ici)
-          - Incarner

Pour cette première séance, il s’agissait donc  de développer l’écoute. Dans l’impro, construisant mutuellement une histoire, nous nous situons dans deux postures : émetteur et récepteur. Pour faire de bonnes impros, il est nécessaire de trouver le juste équilibre entre les deux. Si on schématise, la construction d’une impro, c’est : « Je dis / J’écoute ». Il est donc nécessaire de laisser la place à l’autre, et même on l’a vu, au silence de l’autre. Si on a dit ce qu’on avait à dire, on doit laisser la place à l’autre, même si le silence est long. Le silence est toujours habité, « lu » par le public, et est souvent bien plus riche en possibles pour le spectateur. Le silence a aussi l’intérêt de nous laisser cogiter à ce qui s’est passé et ce qui va se passer.

Comme on l’a vu dans, notamment, l’exercice « Caméra », l’écoute n’est pas qu’une affaire d’oreilles, elle est aussi affaire d’yeux. En effet, écouter l’autre, c’est prendre en compte ce qu’il amène sur scène, par ses mots, ses gestes, ses attitudes… Le public, lui, il voit tout. Et il n’arrête pas de faire des liens, d’imaginer la suite (souvenez-vous de l’émission de radio présentée ici). Si on ne voit pas le geste de son partenaire qu’il fait à l’autre bout de la scène, on risque de passer complètement à côté de la scène (la réciproque est vraie, c’est-à-dire qu’il faut donner à voir à son partenaire les gestes et attitudes que l’on fait, on est toujours responsable l’un de l’autre sur scène).

L’écoute, c’est aussi le souvenir. Ce qui fait plaisir en tant que spectateur, c’est quand un élément donné au départ, est repris à la fin de l’impro et qu’il donne du sens à tout ce qui s’est passé ; ça, c’est la classe et c’est aussi de l’écoute et de l’esprit d’à-propos.

Enfin, l’écoute, c’est l’écoute de soi-même, de son personnage, de ce qui s’est construit de lui pendant l’impro. Lundi, Djodjo voulait faire signer son carnet de notes par le flic. Il a passé près d’une minute à essayer de lui faire signer quand surgit son père qui veut signer le doc (pour que l’histoire aille ailleurs et avance). Et là Djo s’emporte, il s’en fout que son père signe ce fichu carnet, il veut que le flic le signe. S’il avait accepté les propos du père, il serait venu casser la  minute précédente en disant « tout ce qui s’est passé avant n’avait aucun sens ». Selon moi, refuser une proposition n’est pas nécessairement une rudesse. On est rude si on fait comme si une proposition n’existait pas, si on l’annulait en n’en tenant pas compte. Là il manquait sans doute une explication qui aurait donné du sens  au flic et au père (car les deux interventions étaient justes pour Djo – et oui l’autre est parfait, donc Jérôme et Albert sont parfaits !). Certes, c’est un peu facile une semaine après la guerre, mais si Djo avait dit quelque chose comme « Papa, arrête de faire semblant, je sais ce qui s’est passé entre lui et maman il y a 15 ans ». Et là paf pastèque, toute l’impro a du sens (et on en revient à ce que nous avait dit Antho ici).

Ouch’, et concrètement, ça donnait quoi cette séance ?

Chauffe : Turtle Wufu ; jeux de parachutes ; exo du singe (imitation d’animaux et synchronisation sur les gestes d’un seul) ; compter jusqu’à 20, puis la suite lancer des cailloux ; branlette de mammouths (sens/rime) ; les érudits (question technique / réponse immédiate).

Exercices : Caméra ; Histoire un mot à la fois ; Histoire un gromelot à la fois.

Impros avec la contrainte d’une émotion à l’autre (exo découvert lors du précédent stage d’impro) avec thèmes « Dur mais juste », « la dynastie des malpropres », « duo gagnant », « d’une vanité à l’autre », « d’une pierre deux coups » et « d’un naturel gentil » (thèmes trouvés pour votre gouvernante ici).

La semaine prochaine, en nous appuyons sur l’écoute, nous nous donnerons des contraintes à nous-mêmes pour créer du jeu. 11 novembre oblige, nous serons moins nombreux, on chantera !

Pour finir en musique , je vous laisser jeter une oreille à ça...
It Was a Very Good Year by Frank Sinatra on Grooveshark