mercredi 27 novembre 2013

Vous improvisiez ? j'en suis fort aise. Eh bien! chantez maintenant!

Je reviens avec un peu de retard sur les séances 2 et 3, assez identiques dans la forme, mais qui n'ont pourtant pas donné tout à fait la même chose, les combattants n'étant pas les mêmes entre les 2 séances. L'objectif de ces 2 séances était de se servir du chant comme d’un levier pour « lâcher prise ».

Souvent, ce qui nous paralyse, c’est la liberté totale, l’angoisse de la page blanche. Ce qu'il faut, c'est tromper le cerveau et partir de quelque chose pour construire une histoire. La contrainte (tout type de contrainte) doit agir comme un détonateur, un trompe-cerveau. Le point d’ancrage libère les freins, lance l’histoire dans le concret d’une situation (l’erreur de certaines impros est de ne pas choisir de quoi on parle. « Oh tu as vu ce qui est arrivé. _ Oh oui c’est affreux. _ Je ne pensais pas que ça pouvait arriver, etc. » Le public est suspendu, il attend, et souvent il attend encore et l’impro ne peut pas décoller. Il faut se lancer. N’importe quoi, grand-mère est morte, je me suis cassé un ongle, Les Plutoniens ont enlevé Wayne ;)…).

Vous me direz « Raf tu causes, mais on voit pas le rapport. Je vous répondrais que c’est pas faux. Alors revenons-en à la musique ! Par le chant, l’idée est que la musique nous porte, que l’urgence de poser des mots sur une musique, d’être dans le flow-flot de la musique… nous permette de déconnecter le cerveau, que les mots sortent plus vite que notre pensée.

Ceci dit, chanter devant les autres, accepter l’oreille de l’autre, chanter juste / chanter faux, tout ça, ça peut bloquer. Et finalement c’est une variante de l’impro. Jouer devant les autres, accepter le regard de l’autre, jouer juste ou non, raconter une histoire ou non… ça fait peur de la même façon.

Eh bien chers amis, je vous invite à dépasser vos peurs. N’ayez pas peur, comme disait l’autre ! Pour le chant, peu importe de chanter juste, l’important c’est de jouer juste. On pourrait avoir une super belle impro, touchante, avec une déclaration d’amour chantée, mais mal chantée, avec toute la fragilité de la personne. On a déjà vu ça au cinéma, et ça peut toucher juste.

Je finirai par une citation de je ne sais plus qui et je ne sais plus trop si c'est comme ça que c'était dit (mon Dieu, mais c'est d'une clarté absolue tout ça, non?): "Il n'y a pas de manque de talent, mais c'est la peur qui bloque."

Sur ces 2 séances, outre la chauffe classique et le travail sur l’hymne, nous nous sommes appuyés sur une structure Gospel trouvée sur un blog d’impro. Plutôt que de mal retranscrire, je vous invite à aller jeter un œil et une oreille ici.

Le programme: Turtle wufu, foot, singe (synchronisation d'animaux), bwanlette (évitons les mots clés fâcheux!) de mammouths (sens-rime-sens-rime...), chauffe voix & apprentissage hymne,  Gospel. Turtle wushu? Sir yes sir!



Euh, tu dis tout de moi, mais tu ne sais pas tout, non?

samedi 9 novembre 2013

Où l’on voit que si un flic doit signer un carnet de notes, c’est pas au père de le faire !



Youplaboum, nous voilà repartis pour une nouvelle séquence d’entraînements. Les objectifs pour ces 7 séances sont de 3 ordres :
-          - Développer l’écoute : « l’autre est parfait »
-          - Se donner des contraintes (la contrainte libère, voir ici)
-          - Incarner

Pour cette première séance, il s’agissait donc  de développer l’écoute. Dans l’impro, construisant mutuellement une histoire, nous nous situons dans deux postures : émetteur et récepteur. Pour faire de bonnes impros, il est nécessaire de trouver le juste équilibre entre les deux. Si on schématise, la construction d’une impro, c’est : « Je dis / J’écoute ». Il est donc nécessaire de laisser la place à l’autre, et même on l’a vu, au silence de l’autre. Si on a dit ce qu’on avait à dire, on doit laisser la place à l’autre, même si le silence est long. Le silence est toujours habité, « lu » par le public, et est souvent bien plus riche en possibles pour le spectateur. Le silence a aussi l’intérêt de nous laisser cogiter à ce qui s’est passé et ce qui va se passer.

Comme on l’a vu dans, notamment, l’exercice « Caméra », l’écoute n’est pas qu’une affaire d’oreilles, elle est aussi affaire d’yeux. En effet, écouter l’autre, c’est prendre en compte ce qu’il amène sur scène, par ses mots, ses gestes, ses attitudes… Le public, lui, il voit tout. Et il n’arrête pas de faire des liens, d’imaginer la suite (souvenez-vous de l’émission de radio présentée ici). Si on ne voit pas le geste de son partenaire qu’il fait à l’autre bout de la scène, on risque de passer complètement à côté de la scène (la réciproque est vraie, c’est-à-dire qu’il faut donner à voir à son partenaire les gestes et attitudes que l’on fait, on est toujours responsable l’un de l’autre sur scène).

L’écoute, c’est aussi le souvenir. Ce qui fait plaisir en tant que spectateur, c’est quand un élément donné au départ, est repris à la fin de l’impro et qu’il donne du sens à tout ce qui s’est passé ; ça, c’est la classe et c’est aussi de l’écoute et de l’esprit d’à-propos.

Enfin, l’écoute, c’est l’écoute de soi-même, de son personnage, de ce qui s’est construit de lui pendant l’impro. Lundi, Djodjo voulait faire signer son carnet de notes par le flic. Il a passé près d’une minute à essayer de lui faire signer quand surgit son père qui veut signer le doc (pour que l’histoire aille ailleurs et avance). Et là Djo s’emporte, il s’en fout que son père signe ce fichu carnet, il veut que le flic le signe. S’il avait accepté les propos du père, il serait venu casser la  minute précédente en disant « tout ce qui s’est passé avant n’avait aucun sens ». Selon moi, refuser une proposition n’est pas nécessairement une rudesse. On est rude si on fait comme si une proposition n’existait pas, si on l’annulait en n’en tenant pas compte. Là il manquait sans doute une explication qui aurait donné du sens  au flic et au père (car les deux interventions étaient justes pour Djo – et oui l’autre est parfait, donc Jérôme et Albert sont parfaits !). Certes, c’est un peu facile une semaine après la guerre, mais si Djo avait dit quelque chose comme « Papa, arrête de faire semblant, je sais ce qui s’est passé entre lui et maman il y a 15 ans ». Et là paf pastèque, toute l’impro a du sens (et on en revient à ce que nous avait dit Antho ici).

Ouch’, et concrètement, ça donnait quoi cette séance ?

Chauffe : Turtle Wufu ; jeux de parachutes ; exo du singe (imitation d’animaux et synchronisation sur les gestes d’un seul) ; compter jusqu’à 20, puis la suite lancer des cailloux ; branlette de mammouths (sens/rime) ; les érudits (question technique / réponse immédiate).

Exercices : Caméra ; Histoire un mot à la fois ; Histoire un gromelot à la fois.

Impros avec la contrainte d’une émotion à l’autre (exo découvert lors du précédent stage d’impro) avec thèmes « Dur mais juste », « la dynastie des malpropres », « duo gagnant », « d’une vanité à l’autre », « d’une pierre deux coups » et « d’un naturel gentil » (thèmes trouvés pour votre gouvernante ici).

La semaine prochaine, en nous appuyons sur l’écoute, nous nous donnerons des contraintes à nous-mêmes pour créer du jeu. 11 novembre oblige, nous serons moins nombreux, on chantera !

Pour finir en musique , je vous laisser jeter une oreille à ça...
It Was a Very Good Year by Frank Sinatra on Grooveshark

mardi 22 octobre 2013

La fin d'une histoire

Lundi c'était la der des ders pour moi ... mais rassurez vous seulement à l'animation!!! Et oui ça y est mon dur labeur est fini, plus de séance à préparer pendant mes longues réunions professionnelles. 8 séances de suites à me supporter ça a du vous paraitre long! Y en a même pas mal qui n'ont pas tenu le coup, et c'était bien dommage pour eux car hier c'était la meilleure séance du lot!!! Bah oui, comme c'était mon anniversaire, y avait du gateau, des bonbecs et on a même bu un coup à la fin de la séance! Trop chouette.

Ah, oui qu'est ce qu'on a fait pendant cette merveilleuse dernière séance?? Bah je vous l'ai dit, on s'est baffré de bonbons! Bon on a aussi fait deux trois trucs, comme l'exercice des balles de couleur pour bien s'échauffé afin d'être au taquet pour l'interro surprise!
Et oui, qui dit dernière séance, dit control des acquis! Donc après une rapide inspection des carnets, on a donc fait un tour de table pour savoir ce que chacun avait intégré depuis le début de l'année, que ce soit pendant les entrainements mais aussi pendant les spectacles. Tout cela fut très interessant, car on a pu voir qu'en fonction de l'a sensibilité de chacun, et l'avancement dans l'impro chacun s'attachait à des points différents mais tout aussi pertinents.

Ce petit point a été l'occasion pour moi d'insister sur le fait d'être en interrogation continue sur sa propre pratique de l'impro, et que la progression individuelle passe par une réflexion sur sa pratique mais aussi sur la pratique des autres. On doit se demander pourquoi des impros fonctionnent et pas d'autres, que l'on soit joueur ou spectateur, et c'est cette réflexion qui nous fera avancer.

Une fois tout cela dit, et histoire de se réchauffer un peu nous avons enchainé par de la speed branlette de mamouth et des mitraillettes.
Et comme il nous restait 30 minutes avant la fin de la séance et histoire de faire simple nous nous sommes lancés dans une improvisation de 30 minutes!!! Bon c'était pas tout à fait une impro de 30 minutes mais plutot 2 impros de 15 minutes entrelacées. Nous avions vu ce concept lors du TITAN de la LIMA l'an dernier. Le principe est d'avoir deux équipes qui jouent des histoires differentes, sans aucun lien. Les équipes jouent sur un temps de 15 minutes qu'elles découpent en petit scène de la durée de leur choix. A la fin de chaque scène, l'équipe qui joue indique par un signal sonore la fin de la scène et c'est donc à l'autre équipe de démarrer sa nouvelle scène.

Globalement c'était un peu bruyant car l'équipe qui ne jouait pas avant tendance à parler un peu fort pour préparer sa prochaine scène, mais ça nous a donné deux impros relativement bien construites avec une avancée de l'histoire scène après scène, et aucun sentiment de lassitude car quand une scène avait dit ce qu'elle avait à dire, on la terminait pour donner la main aux autres. Un bon exercice pour ressentir le rythme d'une scène et pour travailler les balances!

C'était donc mon dernier débrief, j'espère que ce que je vous ai proposé vous a plu et que vous avez tous eux assez de temps de jeu pour expérimenter les choses ... et oui dès lundi prochain je remets avec un grand plaisir mon costume d'improvisateur et va falloir se bagarrer pour que je vous laisse un petit bout de la scène .... quoi moi, en manque!! un tout petit peu c'est tout ! :D

mercredi 2 octobre 2013

Ca balance pas mal à Ancenis!

Eh oui après avoir travaillé sur la structure d'une histoire et sur l'utilisation du conteur, c'est maintenant au tour de la balance de faire son apparition. Mais c'est quoi donc que cette balance? Et bien une balance c'est quand on a un changement de scène dans une improvisation, lorsque l'histoire est amenée d'un coup ailleurs, avec possibilité d'introduction de nouveaux personnages.
Il y a plein de façons d'introduire ce changement (avec différents rythmes de succession des balances) mais pour l'instant nous ne nous intéresserons qu'à des balances avec changement d'espace et des balances avec changement de temps.

Tout d'abord les codes: la balance doit être clairement introduite afin que les joueurs déjà sur scène comprennent s'ils feront ou non partie de la nouvelle scène. Une simple phrase d'introduction de la scène suffit à cela, par exemple, "pendant ce temps de l'autre côté de la ville". On indique ainsi qu'on entre dans une nouvelle scène et où et quand elle se situe. En fonction de cette phrase les joueurs sur scène doivent comprendre s'ils doivent rester sur scène ou bien s'effacer. Le code pour s'effacer est de s'agenouiller, et de se déplacer sur le côté de la scène, tout en restant en jeu, ou bien de se cacher derrière le devant de la patinoire si il y en a une.

Ensuite à quoi peut servir cette balance? A beaucoup de choses comme par exemple:
  - introduire de nouveaux personnages en relation avec les premiers afin d'élargir le champs de l'histoire
  - apporter de nouveaux éléments sur les premiers personnages, éléments qui permettront de créer le chaos
  - faire avancer l'histoire en lui faisant faire un bon dans le temps (un peu comme peut le faire le conteur)
  - apporter une intrigue parallèle qui rejoindra la première

Mais quelque soit ce qui se passe lors de la balance, les improvisateurs doivent garder à l'esprit que l'histoire principale est celle commencée en début d'improvisation et donc:
  - la balance doit avoir une connexion avec cette histoire, un lien entre les deux scènes doit exister même s'il n'est pas forcément très explicite. Par exemple, première scène : un prince qui s'ennuie dans son château et deuxième scène une jeune fermière qui travaille aux champs comme tous les jours. Là il n'y a aucun lien clair, mais on sent que les deux histoires peuvent se rejoindre avec par exemple le prince qui veut devenir paysan et qui tombe amoureux de la fermière qui elle voudrait bien être princesse (ah ces filles!).
  - la balance est au service de la première scène et ne doit pas devenir l'histoire principale (à la rigueur peut être si on considère que la première scène n'était que l'introduction de l'histoire). Elle doit être là pour apporter des éléments de construction de l'histoire principale.
 
 Enfin on a aussi pu remarquer que la scène de balance a une particularité que la scène principale n'a pas: on peut la clore explicitement. Je veux dire par là que lorsque les improvisateurs ont fini de donner les éléments qu'ils avaient à apporter pour faire avancer l'histoire principale, ils peuvent/doivent quitter la scène et c'est aux improvisateurs de la première scène de revenir pour continuer l'histoire principale en prenant en compte ce qui a été apporté par la scène de balance.

 Il y a plein de choses très sympa à faire si on utilise correctement ce mécanisme, attention tout de même à ne pas tomber dans le piège de rendre l'histoire incompréhensible en apportant trop d’éléments ou de éléments trop abracadabrantesques, mais là on en revient encore et toujours à la nécessité de préserver la consistance et la cohérence de l'histoire .... et cela passe par l'écoute, à la fois lorsque l'on est sur scène et tout autant quand on est sur le banc.

mercredi 25 septembre 2013

Alors on avait envie de jouer?

La séance de la semaine dernière m'avait laissé un goût de trop peu d'impro, sûrement dû au fait que nous étions beaucoup et qu'en grand bavard devant l'éternel j'en avais monopolisé une bonne partie en explications et débriefs divers.

Je me suis donc dit, l'objectif de ce soir est de faire jouer un maximum d'improvisations, car comme le dit l'adage, c'est en forgeant que l'on devient forgeron! N'ayant pas pu suivre vos impros je n'ai pas pu vous faire mes interminables commentaires et c'est donc à vous de faire l'effort d'avoir un regard sur ce qui s'est passé sur scène, ce qui a marché et ce qui a freiné l'évolution de l'impro. Il serait d'ailleurs intéressant de mettre en place une grille de relecture des impros avec quelques questions basiques à se poser après une improvisation ... mais ça sera l'objet d'un autre billet, et si vous avez des idées je suis preneur :D

Toutes ces improvisations ne sont bien sûr pas arrivées toutes seules, nous avons commencé par un Hiha, puis repris notre travail sur la narration d'histoire en commençant par un exercice qui avait pour but de mettre en évidence les différents moments d'une improvisation. Je me suis inspiré de cet article du site Le Caucus : http://lecaucus.wordpress.com/2012/09/01/apprendre-a-raconter-une-histoire-en-apprenant-a-ne-pas-tuer-une-histoire-1-lannulation/ que je vous encourage à lire. Il met en évidence 5 temps dans l'improvisation que l'on peut annoncer avec des débuts de phrases type:

    “Il était une fois…” (présentation du protagoniste)
    “Tous les jours…” (établissement d’une plateforme / stabilité)
    “Mais un jour…” (introduction du chaos)
    “Alors…” (conséquence / changement)
    “Depuis ce jour…” (établissent nouvelle stabilité)
   
L'objet de l'exercice était donc de raconter une histoire avec ces  5 débuts de phrase, tout d'abord tout seul, puis ensuite chacun son tour pour ressentir que l'on n'est pas seul maître de l'histoire et qu'il faut accepter les propositions des autres même si elles ne correspondent pas à ce que l'on avait en tête.

Ensuite nous avons fait un exercice de comblage des blancs. Une personne donnait 3 faits distincts et les autres devaient raconter une histoire cohérente qui incorporait ces 3 faits. Pour cet exercice nous avons noté que personne n'avait fait de saut dans l'espace ou dans le temps, que les histoires étaient toutes linéaires. Raconter une histoire avec des éléments qui se déroulent en parallèle dans des lieux différents ou bien avec des flashs back à d'autres moments permet pourtant de lui donner de l’épaisseur et évite aussi au spectateur de s’ennuyer sur une histoire trop linéaire (lisez Game of Throne pour voir l'effet de plusieurs histoires en parallèle qui s’entremêlent)

Enfin pour terminer ce debrief, je voudrais juste revenir sur les improvisations de 10 minutes que nous avons faites à la fin de la séance. Ce genre d'improvisation est très formateur car il montre beaucoup de travers des improvisateurs.
Dans l'histoire du samouraï, on annonce la fin de la quête dès le début de l'histoire ("Atteindre la montagne du destin pour trouver le sabre") et ensuite on comble l'improvisation de multiple freins et épreuves, pour que le sabre ne soit trouvé qu'au bout de 10 minutes. Et si ce sabre avait été trouvé dès le départ que se serait-il passé .... Beaucoup de choses que l'on n'a malheureusement pas eu le loisir d'imaginer. Dans les improvisations plus courtes on a aussi tendance à se rassurer en écrivant mentalement l'histoire, ou bien en l'écrivant entièrement lors du caucus,en lui donnant un but à atteindre. Derrière on se retrouve coincé car on ne sait que combler l'histoire pour atteindre ce but. Il faut à mon avis au contraire ne se faire aucun plan, venir juste avec un personnage, et ensuite se laisser porter par les choses qui arrivent en réagissant plutôt qu'en planifiant ... c'est ainsi que l'on peut aller sur des chemins que l'on aurait jamais imaginés.

Je termine quand même en vous remerciant pour l'énergie et la motivation que chacun apporte avec lui le lundi soir. Bonne semaine.

lundi 16 septembre 2013

De la necessité de s'interroger sur la cohérence des situations

Un petit débrief à chaud, comme ça c'est fait, et on en parle plus :D

Donc,  oui malgré le fait que le thème de la séance de ce soir était encore et toujours la narration d'une histoire avec la position du conteur et celle de l'acteur, ce n'est pourtant pas de cela que je souhaite débriefer.

On peut quand même en parler rapidement en disant  qu'une histoire bien contée est beaucoup plus facile à jouer à postériori (c'est marrant mais quand j'écris ça j'ai un peu l'impression de faire du Lapalisse). Bref, si le conteur définit clairement  ses personnages  et leur fait exécuter une succession d'actions, il devient alors simple pour les acteurs d'ensuite suivre ce fil conducteur pour jouer la scène décrite.
On remarquera que souvent les conteurs ont eu tendance à décrire les sentiments de leurs personnages. C'est quelque chose de très important lorsque l'on narre une histoire car cela permet de mettre une ambiance émotionnelle et ces émotions guident souvent les réactions des personnages. Par contre il faut garder à l'esprit que ces émotions doivent servir de levier pour faire basculer l'histoire et on ne doit pas rester dans la contemplation morne et sauvage (oui ça veut rien dire je sais!) du personnage qui se morfond sans réagir. L'important est que le conteur apporte du contenu à l'histoire, que des événements arrivent, les acteurs apporteront de leur côté la partie émotionnelle.

Ceci étant dit, passons maintenant à ce qui m'a le plus interpelé ce soir. Non je vous rassure, ce n'est pas le fait que tout le monde ne connaisse pas l'intégrale des oeuvres d'Alexandre Dumas, surtout ce magnifique ouvrage paru en 1835, "Souvenirs d'Antony" :P.  Non ce qui m'a le plus marqué, et c'est que trop souvent on accepte que des choses étonnantes arrivent sur scène sans s'en occuper un instant.
Il est vrai qu'en improvisation théâtrale on peut tout faire (et malheureusement trop souvent n'importe quoi ;D) mais pour le spectateur qui regarde l'histoire il faut que les choses gardent de la cohérence, que les choses étonnantes soient justifiées. Dans une impro il se passe beaucoup de choses, et on doit être en réaction par rapport à ces choses, de la même façon qu'on le serait dans la vie. Et bien souvent c'est ce qui permet la première connexion entre deux joueurs.

En repensant à l'improvisation de Julien et Albert, dont le thème était le cousin d'Amérique, on se rend compte que là aussi beaucoup de choses peuvent paraître bizarres. Comment un gars qui débarque d'un avion pour retrouver sa famille, dont un certain Paulo, se retrouve à ne vouloir qu'une seule chose, participer à un spectacle de music hall. Vous me direz que tout cela est possible, mais de là à dire plausible c'est moins sûr. Toujours est-il que le spectateur peut s'interroger sur le pourquoi du revirement du personnage et que de fait ce revirement doit avoir sa justification (Paulo est décédé et on reprend le flambeau où en fait il était parti en Amérique pour apprendre à chevaucher le bison car depuis tout gosse il rêvait de faire ses preuves et de reprendre l'affaire familliale ... etc...)

Avec tout ça je sens que vous allez dire que je suis trop critique et que je cherche la petite bête un peu partout, mais justement je pense que c'est une qualité qu'il faut développer. Il faut constamment s'interroger sur la cohérence de l'histoire, chaque élément ne peut pas être déposé tel quel sans justification et il faut réagir à ce qui n'a pas de justification.

Ce sens critique doit se développer bien sûr lorsque l'on joue des impros mais aussi et surtout lorsque l'on est spectateur, que l'on lit un livre, que l'on regarde un film. A tout moment il faut pouvoir se dire, ça colle ou pas? Et se sentir gêné quand ça ne colle pas.

Allez, histoire de terminer ce débrief et pour reboucler sur Alexandre Dumas, je vous encourage à aller faire un tour sur google books où une grande partie de ces œuvres est disponible. Rien qu'en lisant le début de ses romans, vous pourrez voir de quelle façon il savait mettre en place une situation et poser des atmosphères.

mardi 10 septembre 2013

Un grand pouvoir incombe de grandes responsabilités



Mon dieu! Je n'aurai jamais cru que j'aurai utilisé cette phrase si chère à mon enfant bercée par Spiderman et autres super-héros pour parler de théâtre d'impro.
Mais la séance d'hier soir m'a fait penser à ça!!

Non rassurez vous, je ne me sens pas investi d'un si grand pouvoir en tant qu'animateur des premières séances de l'année et donc en charge de l'accueil de nos nouvelles recrues! La bonne humeur habituelle et l'énergie qui règnent dans l'asso font tout le travail et je suis sûr que toutes les charmantes jeune femmes que nous avons reçues hier (Hi Tang, Jezabelle, Mathilde, Christelle et Guenola) seront du même avis que moi ... et oui notre Lolo a fait des ravages au forum des assos!

Non si je parle de grand pouvoir et de grandes responsabilités c'est pour parler du rôle du conteur! Et oui le conteur ne serait-il pas un super héros de l'improvisation?! Un petit rappel de ce que ses super pouvoirs lui permettent de faire:
      - poser une situation claire en début d'improvisation où chaque personnage connait son rôle et ses liens avec les autres (combien d'improvisations sont ratées car les personnages n'arrivent pas à se connecter?)
      - faire avancer l'histoire quand celle-ci patauge car les improvisateurs se sont tout dit et ne trouvent pas la sortie vers une autre intrigue. Il peut d'une seule phrase faire avancer l'histoire à vitesse grand V dans le temps et dans l'espace
      - conclure l'improvisation par une cholie petite morale .... ah des chutes, combien en avons-nous ratées?
  
Hier soir nous avons même découvert un nouveau super pouvoir du conteur:
      - il peut clarifier les choses, expliquer ce que les acteurs n'ont pas dit, ou sous-entendent, et apporter des réponses rapides aux questions que les spectateurs se posent. Il est en somme le gardien de la cohérence de l'impro!!!!!

Et c'est la que les responsabilités arrivent!!! Non de diou!! Et oui le conteur a pour tache de s'assurer que l'histoire reste compréhensible par le spectateur. Il doit, tout en jouant, être critique sur les éléments qu'apportent les acteurs et savoir reprendre la main pour les clarifier, expliquer si ceux la ne lui paraissent pas assez clair.

Par exemple, on est à la terrasse d'un café en train de discuter et tout à coup un martien débarque sur sa soucoupe volante pour commander un verre de pastis ..... sans en dire plus! Les bons camarades qui sont sur scène ne s'offusquent pas, ne voulant pas qu'un refus de la proposition ne soit taxé de rudesse!! A ce moment tout public éclairé se pose bien évidemment la question : "mais que vient donc faire ce martien à Marseille?!" ..... et le conteur doit lui aussi se poser cette question et si aucun acteur n'apporte la réponse, il est de sa responsabilité d'y répondre en bondissant à l'avant scène et en reprenant la main, pour par exemple une jolie diatribe sur les habitants de la planète Mars qui suite à une guerre de l'énergie se retrouvent à court de carburant pour faire fonctionner leurs usines et qu'un savant a trouvé dans le pastis Marseillais un substitut pour cette énergie. C'est donc pour ça que notre ami Martien Spub a été envoyé sur terre, précisément à Marseille pour voler le secret du pastis si jalousement gardé.
Et voilà-t-y pas une impro qui démarre moyennement qui se transforme en une aventure inter spatiale où les habitants du vieux port seront peut être kidnappés pour être emmenés sur Mars et livrés à d'immondes tortures afin de les voir donner leur secret.

Mais pour cela il faut que le conteur soit extrêmement vigilant sur l'évolution de l'histoire et soit capable de détecter les piétinements éventuels et sache trouver la répartie pour expliquer rationnellement toute situation loufoque.

On aura encore bien des occasions de reparler de tout cela dans le prochaine séance, mais tout d'abord je profite aussi de ce billet pour remercier tout le monde pour le dynamisme et l'énergie que vous avez mis dans les 2 premières séances. C'est grave chouette!

N'hésitez pas à me faire des retours sur les séances, notamment si vous trouvez que le temps de jeu est trop court et que je débriefe trop. J’essaie d'en dire un peu pour tous, les débutants comme les plus aguerris, mais je sais bien que l'on apprend jamais autant que lorsque l'on expérimente les choses par soi-même. Je vais réfléchir au truc de mon côté mais si vous avez des idées pour me faire taire, n'hésitez pas !!! :D

A lundi prochain pour la suite!
 

mardi 3 septembre 2013

Et voilà c'est reparti pour un tour!

Je sais pas pour vous, mais moi ça m'avait bien manqué de passer mes lundis soir à Ancenis et ce fut un grand plaisir de revoir tous ces gens tout bronzés et remontés à bloc pour une super année d'impro.
Et comme il faut bien débuter l'année en bon élève, je vous fais donc un chti débrief de la séance d'hier pour ceux qui sont restés un peu plus sous les tropiques et ceux qui préparaient la rentrée de leurs chères têtes blondes ou bien des nôtres!

Donc commençons par le commencement en disant que c'est moi que vous allez subir pour animer les séances pour un gros mois et demi .... ça va saigner!! Non rassurez vous j'ai pris de bonnes résolutions cet été, et mon fouet n'est pas encore de sortie. Pour ces 8 séances je compte vous proposer de travailler sur 3 axes :
  - la construction d'une histoire .... et y a de quoi en dire
  - presenter aux nouveaux les notions centrales de l'impro que sont : l'écoute, l'acceptation, la proposition et l'évasion
  - le travail du banc qui doit toujours rester alerte et au service des impros.

Ceci étant dit, nous avont fait un petit tour de présentation de chacun pour Anthony et Fabrice qui faisaient leur première séance hier puis un charmant Cowboy afin d'entrer dans leurs têtes les prénoms de chacun.
Ensuite pour faire monter la sauce nous avons continué par un Hiha, puis une déambulation dans l'espace avec des actions et des phrases à dire en fonction de ce que je disais/faisais.
Quel plaisir d'entendre tout le monde me crier : "A vos odres chef", "Veuillez entrer votre majesté", ou bien mon préféré "S'il ne devait un rester qu'un, ce serait toi!". Nous avons terminé cela par un peu de mime avec l'ouverture et la fermeture de portes, le portage (et non pas lachage!) de caisses, l'escalade de mur, le tour de lampadaire et enfin un épuisement progressif.

Après nous avons repris avec l'exercice "Tu fais quoi là?", où chacun mime ce que son voisin lui a dit qu'il faisait. On a pu se rendre compte qu'il faut savoir mimer quelque chose, même de simple tout en restant prêt à répondre à une question anodine.

Puis nous avons commencé à parler du travail de construction d'une histoire, chacun à son tour s'est avancé pour apporter un nouvel élément de l'histoire. On a pu identifier trois grands temps, la situation initiale, la montée de l'intrigue puis la conclusion. Nous avons donc travaillé ensuite en groupe de trois où chacun devait à son tour prendre l'un de ses temps, afin de bien ressentir ce qu'ils contiennent.

Après cela nous avons fait un travail sur le conte avec des impros à 2, ou l'un était le conteur et l'autre l'acteur du conte. Le but étant de bien cerner le rôle de l'un et de l'autre tout en gardant à l'esprit qu'il devait y avoir un équilibre dans la construction de l'histoire, chacun avec ses moyens. Le conteur ayant de son côté la force de pouvoir jouer avec le temps et l'espace très simplement par de courtes phrases narratives et l'acteur lui pouvant apporter une charge émotionnelle à l'histoire.

Ensuite histoire de finir la séance, nous avons joué 3 petites impros de 3 minutes avec pour thèmes: "un cri dans la nuit", "château de sable" et "oiseau de malheur".

En gros c'était trop chouette! A lundi prochain pour la suite!!

samedi 24 août 2013

Oh my god, mais c'est bientôt la rentrée!!!!

Et oui finie la bronzette tranquille sur les plages de Copacabana! Les vacances sont belles et bien derrière vous, chers improvisateurs ou amis de l'improvisation!

Mais séchez moi vite ces vilaines larmes qui entachent de si ravissantc visages, l'AssocBolo fait aussi sa rentrée pour votre plus grand plaisir .... et surtout le nôtre d'ailleurs car ça commençait à nous manquer.

La liste des dates de nos spectacles n'est pas encore finalisée mais cette année s'annonce particulièrement sympa avec notamment l'organisation d'un championnat d'improvisation théâtrale ... teaser!! mais chut n'en disons pas plus et laissont votre imagination travailler!

Je profite surtout de ce post pour dire à tout le monde que les entrainements de l'Assoc'bolo reprendront le lundi 2 septembre à 20h00 à la salle de la Corderie à Ancenis et que bien évidemment tout un chacun est le bienvenu pour découvrir notre association et les joies de l'improvisation théâtrale.

Nous ne serons a priori pas au forum des associations d'Ancenis, donc n'attendez pas le forum pour venir à une de nos séances. Nous laissons généralement tout le mois de septembre aux personnes intéressées pour décider de s'inscrire ou pas.

Bonne année improvisée à tous et rendez vous le 2 septembre pour les improvisateurs en herbe....

mardi 11 juin 2013

Où l'on voit que le sens du timing, ça a du bon parfois

La semaine dernière, lors du long couloir d'impros proposé par Guillaume, on a pu se rendre compte, comme au foot, de l'intérêt d'utiliser le banc. On se souvient tous du vibrant appel d'Antho l'an passé pour un banc participatif, motivé et acteur, prêt à bondir sur scène pour faire avancer l'impro.

Certes Berthe, dit le philosophe. Encore faut-il le faire à bon escient (cévidlaterre). Le meilleur banc reste celui qui n'est pas intervenu car les deux sur scène n'avaient besoin de personne pour faire une belle impro. Et ça arrive, de voir à regret débarquer sur scène une bande de joyeux drilles (Drillllllllll), quand on avait juste envie de voir se développer l'histoire avec les deux premiers acteurs...

Recertes Berthe, m'interrompt le philosophe, pressé et pas dupe. Le plus souvent, on pleure, on prie, on implore le banc de se jeter sur scène pour venir apporter de nouveaux éléments (ou mieux pour venir réentrelacer (parfaitement je réentrelace si je veux) des éléments déjà présents mais pas suffisamment exploités).

Du pep's donc, mais au bon moment Monseigneur! Revenons donc à nos moutons et pour le cas présent à la situation de jeu, à savoir, 2 sur scènes, 2 en réserve. Il n'est pas inutile de réfléchir à quel moment intervenir. Sur une impro ce soir-là, un couple apprend le décès tragique de leur enfant; en environ une minute trente, on a saisi l'enjeu. C'est alors qu'intervient le banc, pour relancer l’histoire avec la sœur qui arrive, les pieds dans le plat, d'abord un peu méchante et jalouse, avant de comprendre ce qui vient de se tramer. Sur une impro de 3 minutes, il ne reste plus qu'une vingtaine de secondes; le fils rentre à la maison, hilare, fier de sa blague, et se fait rouster (bien comme il faut hein, je vous jure) par son père. Et ça siffle.

Le spectacle d'impro est cruel pour ça. Comme une bonne blague dont on loupe la chute, une belle impro peut finir la queue entre les jambes pour s'être terminée 10 secondes trop tôt. Dans le jeu, il est souvent difficile d'avoir du recul sur l'impro et sur le temps qui passe; ça vaut le coup, quand on est sur le banc, d'être attentif au chrono.

Fichtre, pour la peine, des photos de notre fameuse Photo party périmée de 6 mois. Non? Si!
Là, il faut faire partie du plus petit groupe. Les bars levés gagnent!

Là les jambes les plus hautes gagnent. C'est Marie qui gagne mais c'est triché!
Là la mieux assise, la plus droite. Caramba, encore Marie.
Là, il fallait ne pas toucher le sol. Euh Val, c'est pas toi qui gagnes là-dessus!
Vous voyez, tout finit par arriver! A lundi les bolos!

lundi 20 mai 2013

Où l'on voit que faire sa feignasse sur scène, ça peut avoir du bon!



Lundi dernier, suite des opérations du lundi précédent de sagesse avec d'abord un peu moins, puis un peu plus de mots. Oui certes, il ne fut pas aisé de faire moins que la semaine passée où l'on avait réduit le jeu à 3 gestes, mais nous l'avons fait en ne faisant rien, ni mots, ni gestes... Et on s'y est mis à 4 ou 5 sur scène à ne rien faire.

Et quel intérêt me direz-vous à ce non-jeu? Eh bien de se rendre compte que le non-jeu n'existe pas pour le spectateur. Quand on regarde, en tant que spectateurs, comme nous sommes au théâtre et que nous sommes bien élevés, nous nous transformons en machines à imaginer des histoires, des liens entre les gens, des intentions dans les regards... Tout ceci illustre parfaitement l'émission dont Albert nous avait parlé il y a quelques temps et qui disait en gros que le spectateur est toujours en avance sur ce qui va se passer, il prend les éléments qu'il a en mains, est toujours en train de faire des assemblages qui se vérifient ou pas avec ce qui se passe sur scène. Pour plus de clarté, je vous invite à vous poser un petit moment à l'écoute de ce numéro "sur les épaules de Darwin"...
 
Et de tout ça, qu'en faisons-nous? Eh bien de d'une, on peut se permettre de pas en foutre une sur scène, pour laisser le spectateur bosser pour nous et se donner gratos de l'épaisseur. De deux, pendant que le spectateur travaille, il n'est pas interdit de travailler du ciboulot à notre tour. Et, débarrassé d'avoir à "verbié" à tout rompre, on peut trouver comment amener l'histoire ailleurs, plus loin...

Et qu'avons-nous fait de nos 20 ans de cette séance?
Une chauffe musclée grâce à Élodie qui nous avait apporté son kit de "Bump ball" (nom non certifié, Elo je ne trouve rien sur le net) à base de slip et de tee shirt à scratchs et de ballon en mousse. Ce qui nous a permis de faire un claquage à Angèle.
Comme une onde & banc de poisson
Respiration en choeur
Cercle de poètes en gromlos disparus
Puis des exos
- respiration 2 sur chaise
- regarder passer les trains par 5
- la chambre d'échos
- 3 répliques données à utiliser

Fameux? Fameux!